Frans Timmermans (foto: EU)

Aujourd’hui, je vais vous parler des subventions abusives et des organismes quasi-gouvernementaux. Les subventions sont en fait une machine à argent qui existe au niveau européen, au niveau fédéral, mais surtout au niveau régional. Elles existent même, dans une moindre mesure, au niveau provincial et communal. En résumé, les soi-disant bonnes causes collectent des fonds auprès du gouvernement, font de la collecte de fonds et, surtout, obtiennent des subventions. Et ces bonnes causes sont en fait des véhicules gouvernementaux idéologiques déguisés ou des organismes quasi-gouvernementaux.

Ces soi-disant bonnes causes – on parle alors de la société civile ou de la civil society en anglais – représentent les citoyens qui s’impliquent activement dans la gestion. Elles tentent de soulever certaines questions. Les thèmes qu’elles abordent peuvent aller de l’environnement à l’égalité des chances, en passant par le véganisme et le protein shift. Ces thèmes idéologiques parfois radicaux ont supplanté ces dernières décennies les thèmes politiques classiques tels que l’économie, le commerce, la diplomatie, la santé publique et la défense dans les médias et dans la politique.

Il s’agit là de ce que nous appelons des intérêts particuliers. Contrairement à l’intérêt général. Même si les groupes de pression présentent toujours ces intérêts particuliers comme une forme d’intérêt général. Il s’agit généralement d’ONG caritatives créées par des fonctionnaires ou des politiciens. Il s’agit de personnes actives dans des partis politiques ou dans la fonction publique, où elles doivent généralement leur nomination à une carte de parti.

La direction de ces ONG est généralement entre les mains d’anciens politiciens. Ainsi, presque toutes les ONG climatiques regorgent d’anciens politiciens socialistes. Beaucoup de ces organisations subventionnées regorgent de politiciens et de fonctionnaires. Ces personnes connaissent le chemin et ce chemin est en soi assez intéressant.

D’une part, ils savent comment demander des subventions. Il n’est pas rare qu’ils aient eux-mêmes élaboré les procédures et la réglementation. Ils connaissent également les personnes qui accordent les subventions. Ils connaissent les critères. De plus, ils sont très bien organisés en ce qui concerne la bureaucratie liée aux subventions.

Le deuxième point est qu’il existe une sorte de porte tournante entre ces ONG et les pouvoirs publics. Un fonctionnaire de la Commission européenne est membre d’une ONG, puis devient soudainement employé de cette ONG, pour laquelle il ou elle prend un congé sans solde ou fait appel à un autre type de statut tel que le congé politique, le congé social, le crédit-temps ou l’interruption de carrière. De ce fait, ce fonctionnaire ne doit pas travailler à la Commission pendant quelques années et il rejoint donc cette ONG. Il y gagne plus que ce qu’il gagnait en tant que fonctionnaire. Souvent même plus que ce qu’il pourrait jamais gagner dans une multinationale.

Une fois en poste, il ou elle sollicite des subventions auprès de ses anciens collègues pour l’ONG. Au bout d’un certain temps, il ou elle retourne à son poste de fonctionnaire, souvent à un poste plus élevé pour lequel il ou elle a postulé et où le poste à l’ONG a constitué un atout supplémentaire dans son curriculum vitae.

Entre-temps, les subventions affluent. C’est ce qu’on appelle la collecte de fonds, mais la quasi-totalité de l’argent utilisé provient des contribuables. La plupart des ONG ont peu de membres ou de sympathisants, et ces derniers versent très peu d’argent dans les caisses de l’organisation.

Avec les subventions reçues, ces ONG continuent à faire pression sur le Parlement européen ou d’autres organisations, de préférence des instances gouvernementales, mais aussi de grandes entreprises. Ce qui est particulier, c’est que la Commission européenne en est bien consciente. Les fonctionnaires le savent aussi. Tout le monde sait donc qu’ils organisent tout eux-mêmes. Pire encore, la Commission européenne – rien ne laisse supposer qu’il en soit autrement dans les ministères des États membres – accorde ces subventions et y associe un certain nombre de conditions.

Ce dernier point a été mis en évidence de manière douloureuse lors du célèbre scandale du lobbying. Il s’agissait alors de ce qu’on appelle du lobbying occulte. Des dizaines d’ONG climatiques étaient contractuellement tenues de faire pression sur les politiciens du Parlement européen ou devaient intenter des procès contre les entreprises énergétiques en Allemagne afin de « promouvoir » la transition énergétique et la politique de l’UE.

Ce type de détournement de subventions est la norme. Le citoyen lambda associe encore trop souvent les subventions à de petits montants accordés à des associations. À l’instar d’une commune qui donne quelques milliers d’euros à un petit orchestre ou à une fanfare locale afin qu’ils puissent organiser une réception dans les locaux (que la commune met déjà gratuitement à leur disposition). Avec cet argent, ils peuvent alors acheter une douzaine de bouteilles de champagne de luxe.

Non, il s’agit ici de milliards d’euros. Et pas seulement de milliards d’euros, il s’agit ici d’argent des contribuables. En fin de compte, il s’agit toujours d’argent des contribuables. Que ce soit distribué par la Commission européenne ou par la Région flamande… les subventions sont de l’argent des contribuables.

En anglais, il existe un mot pour désigner ces pratiques : « quango ». Il s’agit d’organisations quasi non gouvernementales. Comme si elles n’étaient pas issues du gouvernement, mais en réalité, ce sont des organisations financées par le gouvernement qui travaillent à une certaine distance de celui-ci et tentent ainsi de donner l’impression qu’elles sont des initiatives citoyennes. Ce qu’elles sont rarement. De plus, elles sont souvent très politisées et idéologisées.

Ce que fait réellement l’Union européenne, ou plutôt la Commission européenne, c’est maintenir un faux milieu social grâce à des subventions. Il s’agit d’un certain nombre d’organisations dites caritatives, sous la forme de fondations ou d’asbl, qu’elle classe dans la catégorie des ONG ou organisations non gouvernementales. Celles-ci reçoivent donc de l’argent et doivent utiliser cet argent pour développer leurs activités. Ces activités consistent à mener des actions et surtout à faire du lobbying auprès de la Commission européenne qui leur donne de l’argent.

En politique, on parle souvent de la soi-disant société civile. La société civile devrait être constituée de mouvements populaires. Il s’agit de mouvements de citoyens qui soulèvent certains problèmes à partir de la base et les soumettent aux autorités.

Cette fausse société civile prétend parler au nom de la population. Rien n’est moins vrai. En réalité, leurs points de vue sont presque toujours présentés par des fonctionnaires activistes, soit de la Commission européenne, soit des administrations ou des cabinets ministériels. Ils reçoivent des subventions pour pouvoir élaborer ces points de vue préétablis.

C’est un petit monde florissant où la politique et la fonction publique se confondent. Grâce à une sorte de système de porte tournante, une élite administrative qui veille à ses propres intérêts et se distribue des postes entre elle va et vient. Tantôt dans la fonction publique ou la politique, tantôt dans le secteur « à but non lucratif ». À chaque fois avec des salaires plus élevés, à chaque fois avec des fonctions différentes.

Il s’agit ici de salaires souvent supérieurs à la moyenne. Plus élevés que ceux d’une personne travaillant dans une multinationale ou dans le secteur privé. Et entre-temps, les pouvoirs publics engagent souvent les collaborateurs de ces ONG pour des fonctions de conseil, par exemple en tant qu’experts sur certaines réglementations. Pour cette fonction de conseil, par exemple auprès de la Commission européenne, l’ONG est alors rémunérée en plus des subventions qu’elle reçoit. Et ainsi de suite.

Ce quango s’apparente beaucoup à de la corruption en réseau. Il est souvent organisé selon les lignes de la cloisonnement politique classique. Chaque parti qui arrive au gouvernement ou à la tête d’une administration met immédiatement en place ses structures afin de récolter des subventions. En principe, cette société civile devrait représenter le citoyen ordinaire et plus particulièrement le citoyen organisé au sein d’associations. Mais cela ne correspond plus à la réalité. Ces ONG, ces fondations, ces ASBL ont été créées par des personnes actives dans la fonction publique et la politique. Que ce soit à la Commission européenne, dans les départements au niveau flamand, au niveau fédéral…

Ce sont des personnes qui savent très bien comment cela fonctionne. Elles utilisent ces subventions pour faire du lobbying. Elles apparaissent dans les médias comme une source indépendante. Elles intentent des procès devant les tribunaux, soi-disant dans l’intérêt général. Et pendant tout ce temps, elles continuent à collecter des fonds. Certes, elles ne sollicitent jamais les citoyens qu’elles prétendent représenter, mais elles sollicitent tous les niveaux de gouvernement auprès desquels elles peuvent obtenir des subventions. Il s’agit donc en quelque sorte d’une grande machine à argent, d’une exploitation des subventions.

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